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La canne à sucre au Moule : de la coupe aux verres de rhum, un cycle vivant

Au Moule, en Grande-Terre, la canne à sucre n’est pas qu’une simple plante. Elle fait partie du paysage, de l’histoire et de l’identité locale. Les champs de canne ondulent sous l’alizé, leurs tiges vertes dressées vers le ciel. Derrière cette image se cache une culture ancestrale qui a façonné l’économie, les traditions et même la gastronomie de la Guadeloupe. Le Moule, avec son usine Gardel encore en activité et la distillerie Damoiseau toute proche, incarne à lui seul le cycle complet de la canne : de la coupe dans les champs jusqu’au verre de rhum dégusté en bord de mer.


Dans les champs : la naissance de la canne

Tout commence dans les plaines fertiles qui entourent Le Moule. La canne y trouve un terrain idéal : un climat ensoleillé, des sols riches et un savoir-faire transmis de génération en génération. Plantée à partir de boutures, elle pousse pendant douze à dix-huit mois avant d’être prête à la coupe.

Les ouvriers agricoles, souvent appelés coupeurs de canne, entrent alors en scène. Armés de leur coutelas, ils tranchent les tiges une à une dans une chaleur accablante. Le travail est difficile et demande une grande endurance. Pourtant, ce geste ancestral reste au cœur de l’économie mouliènne. Chaque saison de récolte marque un moment fort de la vie locale : les camions chargés de cannes sillonnent les routes, les champs bruissent d’activité et l’île entière se met au rythme de la coupe.


L’usine Gardel : un patrimoine industriel vivant

La récolte terminée, les cannes sont transportées vers l’usine Gardel, située en bordure du Moule. Cette usine n’est pas n’importe laquelle : c’est la dernière sucrerie en activité de la Guadeloupe. Elle représente un patrimoine industriel unique et un symbole de résistance face à la disparition progressive des moulins et raffineries autrefois dispersés sur l’île.

À l’intérieur, les tiges de canne sont broyées pour en extraire un jus sucré appelé vesou. Ce liquide est ensuite clarifié, chauffé puis concentré jusqu’à cristallisation. Les grains de sucre brun qui en résultent sont séchés, conditionnés et expédiés en Guadeloupe mais aussi à l’étranger. Ainsi, le Moule perpétue une activité vieille de plusieurs siècles, héritée de l’époque coloniale et profondément liée à l’histoire sociale et économique de l’île.

L’usine Gardel n’est pas seulement un site de production. Elle est aussi un témoin vivant des luttes ouvrières. Pendant longtemps, les travailleurs de la canne ont revendiqué de meilleures conditions de travail et des salaires plus justes. Ces luttes sociales ont marqué la mémoire collective et participent encore aujourd’hui à l’identité de la commune.


Du sucre au rhum : l’alchimie de la distillation

Si une partie du vesou sert à fabriquer du sucre, une autre est destinée à la distillation. C’est ici qu’entre en scène la distillerie Damoiseau, voisine du Moule et l’une des plus célèbres de Guadeloupe. Elle transforme le jus de canne en rhum agricole, un produit qui a fait la renommée de l’île à travers le monde.

Le processus est à la fois technique et magique. Le vesou est d’abord fermenté, ce qui transforme les sucres en alcool. Puis il est distillé dans de grandes colonnes de cuivre qui concentrent les arômes. Le résultat est un rhum clair et puissant, que l’on peut déguster blanc ou faire vieillir en fût de chêne. Après plusieurs années, il développe des notes de vanille, de bois et de fruits secs, recherchées par les amateurs.

Le Moule s’impose ainsi comme un haut lieu du rhum agricole, un spiritueux reconnu par une AOC (Appellation d’Origine Contrôlée). La commune participe à la valorisation d’un savoir-faire artisanal devenu une véritable fierté nationale.


Une culture qui dépasse l’économie

La canne à sucre n’est pas seulement une ressource économique, elle imprègne la culture locale. Au Moule, elle se raconte dans les chants de gwoka, dans les récits des anciens et dans les fêtes populaires. Elle inspire la cuisine, où le sucre de canne se retrouve dans les sirops, les confiseries ou les punchs traditionnels.

Elle symbolise aussi une mémoire plus douloureuse, celle de l’esclavage et du travail forcé. Cultivée dans les plantations coloniales, la canne a longtemps été associée à l’exploitation humaine. Aujourd’hui, ce passé fait partie intégrante de l’histoire collective. L’évoquer permet de mieux comprendre les réalités sociales qui continuent de marquer la Guadeloupe.


Entre tradition et modernité

Le défi du Moule est de concilier héritage et avenir. La filière canne-sucre-rhum doit s’adapter aux enjeux actuels : concurrence mondiale, transition écologique et attentes des nouvelles générations. Des projets innovants voient le jour, comme l’utilisation de la bagasse, résidu fibreux de la canne, pour produire de l’électricité. Cette valorisation énergétique s’inscrit dans une logique durable et renforce l’autonomie énergétique de l’île.

En parallèle, le tourisme se développe autour de cette culture. Les visiteurs peuvent découvrir l’usine Gardel lors de journées portes ouvertes ou visiter la distillerie Damoiseau. Ces expériences permettent d’entrer au cœur du cycle de la canne et de comprendre son rôle essentiel dans l’économie et l’identité du Moule.


Le Moule côté tourisme : immersion et séjour authentique

Explorer la filière canne-sucre-rhum au Moule, c’est aussi l’occasion de prolonger l’expérience par un séjour sur place. La commune offre un cadre idéal pour associer découverte culturelle et détente balnéaire.

Pour un séjour proche de la nature, les voyageurs peuvent opter pour un bungalow pour des vacances au Moule en bord de mer et pas cher. Ces hébergements authentiques permettent de vivre au rythme local, à deux pas des champs de canne et des plages sauvages de la côte atlantique.

Ceux qui recherchent plus d’espace et de confort peuvent se tourner vers une villa de standing avec piscine au Moule les pieds dans l’eau. Idéal pour les familles ou les groupes d’amis, ce type d’hébergement offre une immersion dans la vie quotidienne mouliènne, avec la possibilité de rayonner vers les sites historiques et culturels de la commune.

Ainsi, le tourisme au Moule ne se résume pas à la mer et au soleil. Il se nourrit aussi de son patrimoine agricole, industriel et gastronomique, offrant une expérience complète aux visiteurs curieux de comprendre l’âme guadeloupéenne.